Rwanda

Présentation

Rwanda, en kinyarwanda Rwanda, pays d'Afrique de l'Est situé au cœur de la région des Grands Lacs africains. Sa capitale est Kigali.
Le Rwanda est bordé au nord par l'Ouganda, à l'est par la Tanzanie, au sud par le Burundi et à l'ouest par la République démocratique du Congo et le lac Kivu. Sa densité de population est l'une des plus fortes du continent africain. C'est l'une des causes du drame humain qu'a vécu le « pays aux mille collines » depuis 1994, marqué par les massacres de plusieurs centaines de milliers de Tutsi et de Hutu.

Relief-Faune-Flaure

Relief >> Le Rwanda, qui couvre une superficie de 26 338 km², est l'un des plus petits États d'Afrique. Le pays est formé de hauts plateaux situés sur la ligne de partage des eaux des bassins du Nil et du Congo. À l'ouest, un massif montagneux, d'une altitude moyenne de 2 740 m, domine le lac Kivu (1 460 m) et se prolonge au nord par la chaîne volcanique des Virunga dont le point culminant est le volcan Karisimbi (4 507 m). Le plateau central, d'une altitude moyenne de 1 700 m, est traversé de rivières et de ravinements remblayés d'alluvions, qui forment des collines bien découpées. À l'est, en direction de la frontière tanzanienne, savanes, lacs et marais se succèdent le long de la rivière Kagera, qui est la plus importante des sources du Nil.

Climat >> Le climat subéquatorial est tempéré par l'altitude. On distingue deux saisons sèches, l'une courte en janvier, l'autre s'étalant de mai à septembre. Le régime des pluies est irrégulièrement réparti. Les précipitations sont abondantes sur les sommets (plus de 2 000 mm sur la crête Congo-Nil) mais diminuent sur les plateaux orientaux (787 mm).

Les températures moyennes annuelles varient de 19 °C à Kigali à 22,8 °C dans la région du lac Kivu, avec une forte amplitude nocturne en montagne où elles peuvent descendre jusqu'à 0 °C.

Faune & Flore >> La forêt primaire, autrefois très étendue, se limite aujourd'hui aux montagnes de l'ouest (avec une végétation qui s'étage avec l'altitude et disparaît au sommet des volcans) et à la région du lac Kivu. Les sols volcaniques sont fertiles. On y trouve des eucalyptus, plantés en grand nombre pour protéger les sols, des acacias dans la savane et des plantations de palmiers à huile. Au nord-ouest, quelques groupes de gorilles des montagnes vivaient encore en liberté sur les pentes des volcans Virunga avant les événements de 1994. À l'est, le parc national de la Kagera abrite de nombreux animaux sauvages : éléphants, hippopotames, crocodiles, léopards, troupeaux de zèbres et d'antilopes.

Art & Démographie

La population du Rwanda était estimée à 8,65 millions d'habitants contre près de 8 millions lors du recensement de 1991. Entre 1993 et 1994, la guerre civile a fait environ huit cent mille morts et jeté hors des frontières deux millions de réfugiés (principalement au Congo et en Tanzanie). On décompte également trois millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays.

Avant les massacres, la densité de la population du Rwanda était l'une des plus fortes d'Afrique : 301 habitants au km2 en 1991, et près d'un tiers en plus dans les régions de culture. La plupart des Rwandais vivaient en zone rurale dans des fermes individuelles dispersées dans les collines ; le taux d'urbanisation était l'un des plus faibles du monde (5 %). Aujourd'hui, les campagnes sont désertées et la capitale, Kigali, est passée de 130 000 à 250 000 habitants.

La composition de la population rwandaise est semblable à celle du Burundi, « frère jumeau » du Rwanda : cultivateurs hutu (environ 85 % de la population avant la guerre civile), éleveurs tutsi et Twa, des Pygmées considérés comme les premiers habitants de la région. Le pays, ayant subi de grands mouvements de population depuis l'indépendance (réfugiés tutsi d'abord, puis hutu depuis 1994 avec le retour des Tutsi), l'image de la société rwandaise en a été profondément modifiée. Par voie de conséquence, les statistiques sont à considérer avec prudence.

Économie

Avec un produit national brut (PNB) de 200 dollars par habitant, le Rwanda était l'un des pays les plus pauvres du monde en 1993. La production agricole, à la base de l'économie du pays, s'est effondrée. Une grande partie des paysans a fui le territoire rwandais en 1994 et tenté de survivre grâce à l'aide internationale dans les camps de réfugiés du Congo et de Tanzanie. Économiquement, le pays, malgré la mise en place d'un programme d'ajustement structurel appuyé par le Fonds monétaire international (FMI), était déjà au bord du gouffre avant la guerre. Le service de la dette extérieure était passé de 2,1 milliards de francs en 1990 à 5,1 milliards en 1994.

La monnaie est le franc rwandais (divisible en 100 centimes), émis par la Banque nationale du Rwanda, fondée en 1964. Les partenaires commerciaux traditionnels pour les exportations (café, thé et cassitérite) sont l'Allemagne et les autres pays de l'Union européenne (UE). Les importations (véhicules, carburant, textiles et biens d'équipement) proviennent essentiellement de Belgique, du Kenya, de France et du Japon. Les exportations, passées de 102,6 millions de dollars US en 1990 à 94 millions en 1993, étaient de 154 millions en 1996. Mais les importations étaient restées fortes : 286 millions en 1993, 325 millions en 1996. La part des besoins militaires avait dans la même période considérablement augmenté : 0,1 % des importations en 1990 contre 26 % en 1991. L'année suivante, l'ensemble des dépenses militaires étaient évaluées à 35 % du budget de l'État.

L'enclavement du Rwanda est un trait marquant de son économie. Le réseau routier s'étend sur environ 12 000 km mais il ne comporte que 7 % de routes carrossables qui permettent de gagner les réseaux ougandais et kenyan. La plupart des marchandises en provenance ou en partance du Rwanda transitent par le port de Mombasa, au Kenya. Le système ferroviaire est inexistant. Le principal aéroport international se situe près de Kigali.

Histoire

Les premiers habitants connus du Rwanda sont vraisemblablement des Pygmées, ancêtres des Twa actuels. Des fouilles archéologiques ont mis au jour une métallurgie du fer et des poteries — apparentées à la culture bantoue — que la datation au carbone 14 fait remonter au premier millénaire avant notre ère. On les attribue à une population qui serait originaire du bassin du Congo et dont l'arrivée dans la région remonterait à cette époque. Ce peuple d'agriculteurs aurait ensuite cohabité avec les Tutsi, des pasteurs venus du Nord, qui se seraient installés progressivement entre le Xe et le XVe siècle. Ces trois communautés partagent la même langue, le kinyarwanda, et la même religion à l'arrivée du colonisateur. Le roi ou mwami est l'image d'Imana, le dieu suprême, et règne sur l'ensemble de ses sujets, les Banyarwanda. Sous son arbitrage, le pays est régi au plan administratif par les chefs de sol (généralement d'origine hutu), les chefs de pâturages (d'origine tutsi) et les chefs d'armées (recrutés chez les Tutsi). Le pouvoir est aux mains d'une aristocratie tutsi, mais les mariages entre familles de pasteurs et de cultivateurs ne sont pas rares, sauf dans l'aristocratie qui conserve ainsi le pouvoir.

C'est en 1858 que le premier Européen, John Hanning Speke, découvre la région des grands lacs, sans entrer cependant dans le pays. Dans les années 1880, il est suivi par des explorateurs allemands puis des missions catholiques sont établies. En 1890, les Allemands parviennent à intégrer le Rwanda (Ruanda) ainsi que le Burundi (Urundi) à leurs possessions d'Afrique orientale malgré les réticences du mwami Musinga. Les Belges, aidés par les Anglais, en chassent les Allemands et occupent le pays en 1916. Puis le territoire du Ruanda-Urundi est placé sous mandat de la Société des Nations (SDN) et son administration est confiée à la Belgique.

Dans un premier temps, la Belgique gouverne en s'appuyant sur les autorités en place, le mwami et l'aristocratie tutsi, dont les pouvoirs sont cependant modifiés et figés par la réforme de 1926 (les fonctions de chef deviennent héréditaires). Le mwami Musinga est destitué en 1931 et exilé au Congo belge (l'actuelle République démocratique du Congo). Il est remplacé par son fils Mutara III Rudahigwa, jugé plus docile. Appliquant le système de l'administration indirecte, la nouvelle administration autochtone est chargée par la puissance coloniale de faire exécuter les travaux de mise en valeur du pays. Dans cette optique, les Banyarwanda sont soumis en 1934-1935 à un recensement des hommes adultes et valides, à qui l'on délivre un livret d'identité où figure la mention de l'appartenance sociale, dite « ethnique ».

Les missions chrétiennes, protestantes à la fin de l'époque allemande, catholiques sous la colonisation belge, se multiplient et prennent en main l'éducation sur l'ensemble du territoire tandis que le jeune mwami Mutara — il a vingt ans au moment de sa prise de fonction — se fait baptiser en 1943. Mais ses relations avec l'Église et les autorités de tutelle se dégradent peu après, en raison du transfert toujours plus important des pouvoirs locaux à l'administration coloniale. Il demande notamment la suppression des corvées publiques et de la chicotte, et le rétablissement de l'élection des chefs, tandis que la majorité hutu, dont les responsables n'ont comme formation que les écoles des missions, demande à être associée au pouvoir. Dès 1956, par l'intermédiaire du Conseil supérieur qu'il préside, et sous la pression de ses conseillers, il réclame un calendrier précis pour l'accession du pays à l'indépendance, tandis que la majorité hutu fait passer les réformes sociales et politiques avant l'indépendance qui aurait redonné aux Tutsi le pouvoir absolu qu'ils détenaient avant la colonisation. Il s'apprête à présenter cette exigence devant les Nations unies en 1959 lorsqu'il est inopinément convoqué à Bujumbura, alors capitale du Ruanda-Urundi. Sa mort — mystérieuse — est annoncée dans la soirée du 25 juillet 1959. Dès lors, le pays plonge dans la guerre civile.

Après la mort du mwami Mutara, décédé sans héritier, son successeur, Kigeli V, illégitime aux yeux des Hutu et imposé par les conseillers du souverain défunt, applique une politique de fermeté dans la défense des privilèges de l'aristocratie tutsi. Les revendications socio-économiques ont pris, depuis la publication, en 1957, du Manifeste des Bahutu, une dimension politique, sous l'impulsion du Parmehutu (parti du Mouvement de l'émancipation hutu), et dégénère en affrontements communautaires. L'Église prend alors fait et cause pour la majorité hutu et l'administration coloniale laisse se développer les révoltes qui éclatent en novembre 1959 et ensanglantent le pays après l'assassinat d'un responsable politique hutu. Les Tutsi, très minoritaires, sont massacrés et pourchassés. L'année suivante, le mwami doit quitter le pays, plus de 200 000 Tutsi font de même.

En janvier 1961, la république est proclamée et un référendum, organisé quelques mois plus tard, rejette la monarchie par 80 % des voix. Le Parmehutu remporte les élections organisées au mois de septembre suivant, avec 78 % des suffrages. Le 26 octobre 1961, son dirigeant, Grégoire Kayibanda, secrétaire de l'archevêque du Rwanda, est élu président de la République rwandaise.

Sur l'insistance du Conseil de tutelle de l'ONU, la Belgique proclame l'indépendance du Rwanda le 1er juillet 1962. Le Parmehutu se transforme en Mouvement démocratique républicain (MDR) — il dominera la vie politique au cours de la décennie suivante. Grégoire Kayibanda est successivement reconduit aux élections de 1965 et de 1969. En 1963, une tentative de coup d'État des exilés tutsi échoue et entraîne une nouvelle série de massacres perpétrés contre les Tutsi. La violence reprend en 1966 dans les écoles et à l'université, à la suite de l'incursion d'une poignée de Tutsi armés à la frontière sud. Enfin, quand des troubles éclatent au Burundi voisin, dominé par les militaires tutsi, et que des Hutu cherchent refuge au Rwanda, il s'ensuit encore une nouvelle vague de violence à l'encontre des Tutsi. Mais des dissensions apparaissent également entre les Hutu du Nord, chez lesquels la pression tutsi a été plus récente, et ceux du centre, et du sud du pays.

Le Génocide rwandais

Le 6 avril 1994, l'avion transportant les deux présidents (hutu) du Rwanda et du Burundi est abattu alors qu'il s'apprête à atterrir à l'aéroport de Kigali. La mort du président Habyarimana provoque une vague de violences effroyable : des milices extrémistes hutu (l'Interahamwe), créées par le régime, ainsi qu'une partie des troupes régulières (les Forces armées rwandaises, FAR), sèment la terreur et la mort dans le pays. Le massacre, qui n'épargne pas les Hutu modérés, provoque la mort de 500 000 à un million de Tutsi. Ce génocide se déroule sans qu'interviennent ou cherchent à s'interposer les Nations unies ou les puissances occidentales présentes dans le pays (Mission des Nations unies d'assistance au Rwanda [Minuar], France, Belgique).

Le 23 juin, le gouvernement français lance l'« Opération Turquoise », une intervention militaro-humanitaire mandatée par l'ONU. Une zone de sécurité est instaurée dans le sud-ouest du pays. Alors que les tentatives de médiation pour un cessez-le-feu échouent, les combats tournent à l'avantage du FPR, soutenu par l'Ouganda. Après la prise de Kigali par le FPR, le 4 juillet, l'armée rwandaise se replie dans la zone de sécurité ; par crainte des représailles, près de deux millions de Hutu fuient aussi le Rwanda et se réfugient en Tanzanie et au Zaïre, où d'immenses camps de réfugiés sont installés aux abords de la ville de Goma. Une épidémie de choléra provoque au cours des premières semaines jusqu'à 1 200 morts par jour.

En 1999, l'ONU admettra sa responsabilité dans le déclenchement du génocide, due à une « prudence incompréhensible » découlant de l'absence de moyens mis à sa disposition, en particulier américains, et d'une « volonté politique ».


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