Soudan

Présentation

Soudan, pays d'Afrique du Nord.Son nom vient de l'arabe Balad As-Sudan, qui signifie littéralement « Pays des noirs ». Sa capitale est Khartoum.
Le Soudan donne sur la mer Rouge ; le pays est bordé au nord par l'Égypte, à l'est par l'Érythrée et l'Éthiopie, au sud par le Kenya, l'Ouganda et la République démocratique du Congo, et à l'ouest par la République centrafricaine, le Tchad et la Libye. Il est traversé du nord au sud par la vallée du Nil.
Le Soudan tire son nom de l'expression arabe « Bilad al-Sudan », utilisée autrefois pour désigner l'ensemble des pays de l'Afrique noire subsaharienne. Cependant, si sa partie septentrionale appartient, par la langue et la religion, au monde arabo-musulman, sa partie méridionale, animiste et chrétienne, est ancrée dans le domaine sub-saharien. Ce clivage géographique, associé à une domination politique s'exerçant au détriment des populations du Sud, a largement contribué au déclenchement de la guerre civile qui déchire le Soudan de manière quasi ininterrompue depuis l'indépendance acquise en 1956. L'arrivée des islamistes au pouvoir (en 1989) a ravivé la poursuite des combats.

Relief-Faune-Flaure

Relief >> Le Soudan s'étend sur plus de 2 250 km du nord au sud et sur 1 730 km d'est en ouest ; il couvre une superficie de 2 505 800 km², ce qui en fait le plus grand pays du continent africain.
Le Soudan est partagé en trois grandes régions naturelles. Au nord, de part et d'autre du Nil, se trouvent le désert Libyque, entrecoupé de plateaux escarpés, et le désert de Nubie bordé par la chaîne des montagnes de la mer Rouge qui culmine à 2 200 m. La zone soudano-sahélienne centrale est traversée par le Nil Blanc, le Nil Bleu et l'Atbara, ces deux derniers fleuves prenant leur source sur le plateau éthiopien. Le Nil Blanc et le Nil Bleu se rejoignent à Khartoum, la capitale soudanaise, enserrant une vaste région sédimentaire, le grenier du pays. À l'ouest, s'élèvent les plateaux arides du Kordofan et du Darfour, dominés par les reliefs des monts Nuba, culminant à 1 500 m d'altitude, et du djebel Marra, cône volcanique éteint et isolé qui s'élève à 3 088 m.
Le Sud est formé d'une grande plaine dépressionnaire argileuse et imperméable, très marécageuse, où s'étalent et s'évaporent une partie des eaux du Nil Blanc. C'est là aussi que convergent deux de ses affluents, le Sobat et le Bahr el-Ghazal.
Le point le plus élevé du Soudan, le mont Kinueti situé à proximité de la frontière avec l'Ouganda, s'élève à 3 187 m.

Climat >> Le climat du nord du Soudan est de type aride et désertique. Les variations saisonnières y sont très importantes, de 4,4 °C en hiver à plus de 43,3 °C, en été. Le centre est marqué par un climat tropical de type continental : les tempêtes de sable y sont fréquentes durant les mois d'été, avant la venue de la pluie. Le sud du Soudan vit sous un climat de type équatorial avec une saison des pluies qui dure huit mois. Les précipitations y dépassent 2 000 mm. Depuis les années 1970, la sécheresse et la désertification dans l'ouest du Soudan et la guerre civile ont entraîné un exode rural massif.

Faune >> Le centre du Soudan, et plus particulièrement les vallées arrosées par des fleuves ou des rivières, est riche en végétation malgré un important déboisement imputable à l'homme. Dans les zones sahéliennes les plus fragiles, la dégradation du couvert végétal favorise la désertification. La faune est abondante dans les plaines et les régions équatoriales du Soudan : crocodiles, hippopotames, girafes, léopards, babouins. Le Nil constitue un point d'arrêt important pour les oiseaux qui migrent vers le sud de l'Afrique en hiver. La mouche tsé-tsé infeste la région équatoriale, ainsi que les moustiques qui, de par leur présence sur l'ensemble du territoire, font du paludisme une maladie endémique.

Art & vie culturelle

Le nord du Soudan est imprégné par la culture islamique, tempérée dans les zones rurales par des traditions préislamiques et, dans les villes, par les coutumes occidentales. La culture européenne a également exercé une influence dans le sud du pays, mais les traditions africaines demeurent vivaces.
Le musée national du Soudan, à Khartoum, abrite des collections préhistoriques ou des royaumes (Napata, Méroé) contemporains de l'Égypte ancienne. La maison du Calife, à Omdurman, contient une collection de reliques de l'époque madhiste. Khartoum possède également un musée d'Histoire naturelle et un Musée ethnographique. La bibliothèque de l'université de Khartoum est réputée pour sa collection d'objets traditionnels soudanais et africains ; la bibliothèque Flinders Petrie (du nom de l'égyptologue) et les Archives nationales possèdent une importante collection de documents historiques.

Économie

Le Soudan est un pays très pauvre. En raison de la guerre, les statistiques n'ont qu'une valeur indicative. En 2004, le produit intérieur brut (PIB) était estimé à 21 milliards de dollars, soit un revenu par habitant de 590 dollars par an.
Entre le milieu des années 1960 et la fin des années 1980, la croissance économique du pays a été quasiment nulle. Au début des années 1990, les aléas climatiques et les conséquences de la guerre civile ont totalement sapé les efforts déployés par le gouvernement pour tenter de développer l'économie. En 1995, le pouvoir a repris les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) afin d'introduire des éléments de réforme dans une économie essentiellement rurale, et résoudre le problème de la dette, d'un poids considérable (15,3 milliards de dollars en 2001). Le revenu des Soudanais émigrés massivement dans les pays du golfe Arabo-Persique représente la principale source d'entrée de devises.

Histoire

Dans l'Antiquité, le pays correspondait en grande partie à l'ancienne Nubie.
Le chef religieux Muhammad ibn Abdallah, s'étant proclamé Mahdi (Messie), tenta d'unifier les tribus de l'Ouest et du centre du Soudan contre l'Empire britannique. Il prit la tête d'une révolte nationaliste qui aboutit à la chute de Khartoum en 1885, où le général britannique Charles George Gordon fut tué. L'État Mahdiste survécut jusqu'en 1898 où il fut anéanti par une armée anglo-égyptienne dirigée par Lord Horatio Kitchener. L'indépendance fut proclamée en 1956, mais le gouvernement de Khartoum revint sur les promesses faites aux provinces du Sud de créer un État fédéral, ce qui conduisit à une mutinerie menée par des officiers du Sud, qui à son tour déclencha une guerre civile de 17 ans (1955-1972).
Des élections eurent lieu en avril 1965 mais les gouvernements successifs furent incapables de se mettre d'accord sur une constitution permanente ou de résoudre les problèmes de la lutte entre factions, de la stagnation économique et de la dissidence ethnique. Le mécontentement amena un second coup d'État militaire le 25 mai 1969. Son meneur, le colonel Gaafar Muhammad Nimeiri, devint Premier ministre, et le nouveau régime supprima le Parlement et interdit tous les partis politiques.
Des luttes entre les marxistes et les non-marxistes à l'intérieur de la coalition militaire au pouvoir provoquèrent un nouveau coup d'État en juillet 1971, dirigé par le Parti Communiste soudanais. Quelques jours après, des troupes anti-communistes restaurèrent Nimeiri.
En 1972, l'accord d'Addis-Abeba mit fin à la guerre civile Nord-Sud et instaura un certain degré d'autonomie régionale. En septembre 1983 le président Nimeiri annonça sa décision d'introduire la charia (loi islamique) dans le code pénal.
Cette décision est l'élément déclencheur d'une guerre civile qui oppose le Gouvernement (GOS) à des groupes armés du Sud Soudan. Ce conflit s'analyse le plus souvent comme une guerre de religion entre le Nord - islamique - et le Sud - chrétien. Si cette dimension religieuse existe certainement, en témoigne le déclenchement de la guerre civile consécutif à l'instauration de la charia par le gouvernement du Nord, il n'en demeure pas moins qu'elle est à tempérer. Tout d'abord, parce que le Sud est très minoritairement chrétien mais plutôt animiste. Ce sont donc plutôt deux cultures, une tribale traditionaliste au Sud et une arabo-musulmane au nord, qui s'opposent. On peut aussi y analyser une opposition entre le Centre et la périphérie, expliquant ainsi aussi les moteurs des conflits au Darfour, à l'ouest du pays, et dans le Béjaland, à l'est du pays.
Après une pénurie de pain et d'essence, une insurrection grandissante dans le Sud, une période de sécheresse et de famine, en 1984-1985 un autre coup d'État mené par le général Souwar al-Dahab restaura un gouvernement civil. Cependant la guerre civile faisait de plus en plus de morts et la situation économique continuait à se dégrader. En 1989, à la suite d'un coup d'État, le général Omar el-Béchir devint chef d'État, Premier ministre et chef des forces armées. La loi pénale de 1991 institua des peines sévères dans tout le pays, telles que l'amputation et la lapidation. Bien que les états du Sud non musulmans soient officiellement exemptés de ces dispositions, la loi permet cependant une possible application future de la charia dans le Sud.
La guerre civile, toujours en cours, a déplacé plus de 4 millions d'habitants du Sud. Certains ont fui dans des villes du Sud comme Juba, d'autres ont cheminé vers le nord jusqu'à Khartoum ou ont pris le chemin de pays voisins comme l'Éthiopie, le Kenya, l'Ouganda ou l'Égypte. Ces gens ne pouvaient pas produire de la nourriture ou gagner de l'argent pour se nourrir, et la malnutrition et la famine se sont répandues. Le manque d'investissement dans le Sud a également abouti à ce que les organisations humanitaires internationales appellent une « génération perdue », mal éduquée sans accès aux soins de base, et sans grandes chances de trouver un emploi productif que ce soit dans le Sud ou dans le Nord.
Les pourparlers de paix entre les rebelles du Sud et le gouvernement ont fait des progrès notables en 2003 et au début de l'année 2004, même si des accrochages se seraient encore produits dans certaines régions méridionales.
Une nouvelle rébellion dans la province occidentale du Darfour a commencé début 2003. Le gouvernement et les rebelles ont été accusés d'atrocités au cours de cette guerre. En février 2004, le gouvernement a proclamé sa victoire sur la rébellion mais les rebelles disent garder le contrôle des zones rurales et certaines sources indiquent que des combats continuent à de nombreux endroits.
Le 9 janvier 2005, un accord de paix a été signé à Nairobi entre John Garang (APLS) et le vice-président Ali Osman Taha, représentant le gouvernement soudanais. Il met fin à 21 ans de guerre civile entre l'État, dominé par les musulmans et les miliciens chrétiens de Garang. Cet accord prévoit un régime d'autonomie de 6 ans au Sud-Soudan, période à l'issue de laquelle un référendum d'autodétermination sera organisé.
Le 9 juillet 2005, la nouvelle constitution, élaborée grâce aux accords de Nairobi, est appliquée et permet le retour du mouvement de John Garang à Khartoum. Un gouvernement d'union nationale est mis sur pied pour cette période de transition.
Le 31 juillet 2005, John Garang meurt dans l'accident de l'hélicoptère ougandais qui le transportait, dans le sud du Soudan. Cela provoque plusieurs jours d'émeutes dans la capitale ainsi qu'à Juba entre les partisans de Garang et ceux du gouvernement. Les partisans de l'ancien chef rebelle John Garang ne croient en effet pas à la thèse officielle du gouvernement selon laquelle l'hélicoptère a été victime de problèmes techniques. Ils déclenchent des émeutes à Khartoum, provoquant les représailles de militants nordistes. Ces violences font, d'après le bilan du Croissant Rouge soudanais, 130 morts et plus de 350 blessés.


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